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Un jour, à Bagdad, sur le coup de midi, le calife voit son vizir débouler dans ses appartements. 

« Maître, lui dit-il en tremblant de peur, je dois m'enfuir au plus vite ! Tout à l'heure, au marché, 

j'ai croisé la mort qui m'a regardé droit dans les yeux ! Il me faut fuir le plus loin possible. Prête-

moi un cheval et un serviteur. Si je pars à l'instant, je pourrai atteindre Samarcande avant la nuit

et y trouver refuge ! Je te promets que ton serviteur te ramènera ta monture ! » Pris de pitié, le

calife accède au voeu de son ministre et celui-ci bientôt galope vers son salut. Il arrive à Samarcande

à la tombée du jour. A peine a-t-il mis pied à terre que la mort lui pose la main sur l'épaule. « Tiens,

c'est toi lui dit-elle. Je doutais de mon infaillibilité après t'avoir croisé ce matin sur le marché de Bagdad,

car j'avais rendez-vous avec toi ce soir ici, à Samarcande ».

 

D'après un conte perse de Farîd al-Dîn Attâr (1140-1230)

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